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Aimer écrire… en voilà une idée reçue

Ou, dit autrement : faut-il d’abord aimer écrire pour devenir écrivain public ? La question peut surprendre. Toutes les personnes prétendant au métier (certaines sont désormais en activité) que j’ai reçues, en étaient intimement convaincues. Moi aussi. Une comparaison peut être faite avec le métier de libraire où l’imaginaire partagé est qu’un « libraire, d’abord, ça lit ».
Grâce à ma pratique de cette profession, je peux affirmer qu’un libraire, ça porte puis ouvre des cartons, retourne des livres, parcourt des textes de 4e de couverture, trie, classe, expose, range, époussette, non sans saliver devant ces ouvrages qu’il n’aura jamais le temps de… lire, tous. Et, le soir à la veillée, enfin, s’il n’a pas à plonger dans sa comptabilité, il pourra s’adonner à ce « vice impuni » : la lecture.

Depuis huit ans que j’exerce le métier de rédacteur-conseil, et au regard de mon expérience actuelle avec certaines commandes de mes clients, je suis conduite à établir un parallèle.
En effet, pour répondre au mieux, avec professionnalisme aux prestations de courriers administratifs, de rédactionnel Web, comme ce fut le cas pour moi cette semaine, nul plaisir préexistant d’aimer écrire.

Ma réponse peut choquer. En fait, nous sommes ici sous la contrainte. Adieu l’imaginaire, la fiction, les grandes envolées. Le client, rien que le client, tout le client… et parfois, notre client, il dit peu. Et, pour le servir avec tout le respect qu’il mérite, lui donner satisfaction dans sa demande, parce qu’il espère du résultat tangible, eh bien ! je ne vois pas d’autres solutions que d’avoir recours à de petits outils, style chiffon, à des méthodes simples, façon époussetage. En l’espèce, pour être crédible auprès de l’administration : scruter les propos du client à la loupe, hiérarchiser ses informations, chercher la petite bête qui fera mouche ; et, pour susciter le plaisir chez l’internaute : rendre attrayant le métier que la modernité disloque et pour lequel le client lui-même éprouve une profonde lassitude. Bref… écrire, dans ces conditions, s’apparente à une immersion en apnée pour en remonter, d’abord, un trésor de… patience.

Sophie Gava, rédacteur-conseil